mardi 18 avril 2017

Avril: une histoire qui vous fera rire.

On attaque le printemps avec un livre beaucoup plus léger: Le journal intime de Baby George de Clare Bennett, paru en 2016 chez Autrement.

Mon nom est George, Prince George de Cambridge, mais vous pouvez m'appeler Baby George. Je suis le fils aîné de William et de Kate, l'héritier de la couronne d'Angleterre, le bébé le plus photographié au monde. J'ai décidé de vous dévoiler l'intimité de mon quotidien royal et celui de mon illustre famille.

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Ce livre nous fait suivre le quotidien de la famille royale d'Angleterre vu par George, un an. Il n'y a pas vraiment d'histoire, on suit juste les membres de la famille au jour le jour, de l'arrière-plan des grands événements aux petites anecdotes loufoques. Evidemment, George ne saisit pas tout aux affaires des adultes, ce qui rajoute au comique.
La reine Elisabeth, son mari le Prince Philip et le prince Harry sont plutôt drôles. J'ai trouvé le reste un peu too much. Le prince William est un idiot, le prince Charles parle à ses plantes et Kate est fan de One Direction. Sans parler des 12 000 assistants qui les suivent en permanence dont 5 rien que pour les cheveux de Kate.
Mis à part deux blagues (la moustache de Magnum et Elton John, il faudra lire jusqu'au bout pour les connaitre!), je n'ai pas vraiment ri. Dommage, ça me paraissait prometteur.
Un roman léger, mais pas hilarant, qui a au moins le mérite de détendre les neurones.

samedi 8 avril 2017

Mars: Une héroïne qui a le girl power! Elle n'a pas besoin qu'on la sauve, ce serait même plutôt l'inverse...

... Elle se bat pour une cause, elle est maman hyper active, elle fait un boulot de mec etc. Ou, joker spécial: une femme qui se bat pour ses droits (histoire vraie ou bio par exemple). Parce que le 8 mars il y a la journée mondiale des droits des femmes.

Après avoir zappé le mois de février pour cause de naissance (et en même temps, vous n'avez rien loupé, j'étais partie sur un joker et il n'était pas terrible), je reviens pour le mois de mars (avec un peu de retard) et j'en ai profité pour m'inscrire à la bibliothèque. Elle n'est pas très grande mais on y trouve son bonheur.
Et j'ai choisi de m'attaquer à la biographie de Simone Veil, écrite par Maurice Szafran et parue en 1994.

Issue d'une famille juive française et républicaine, Simone Jacob fait preuve très jeune d'une personnalité que le destin met à l'épreuve lorsque la sauvagerie nazie la conduit, à dix-sept ans, avec sa mère et sa sœur aînée, dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Mariée, mère de famille, sa vie publique commence au ministère de la justice, où elle est chargée des prisons. Confrontée aux atrocités de la guerre d'Algérie, elle participe au sauvetage des prisonnières. De la cause des femmes, elle fait ensuite son combat quand, ministre de la République, elle obtient en 1974, la légalisation de l'avortement.
Pourquoi Simone Veil est-elle si populaire? Pourquoi tant de Français se reconnaissent-ils en elle? Retracer le destin tragique et superbe de Simone Veil, c'est avant tout comprendre l'Histoire de ce siècle.

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Qui mieux que Simone Veil pour illustrer ce mois de mars? Elle a sauvé sa sœur d'Auschwitz, elle est une mère hyperactive, elle fait un boulot de mec et elle se bat pour ses droits et ceux des autres. On est bien au-delà du girl power.
Il y a évidemment ce que tout le monde connait de Simone Veil, sa déportation, la légalisation de l'avortement. Mais cette femme, c'est bien plus que la loi Veil. C'est un esprit libre et insoumis. Et dès son plus jeune âge, quand, benjamine d'une famille de quatre enfants, elle est la seule à tenir tête à son père. La seule aussi à remarquer que sa mère est malheureuse d'avoir été contrainte de rester au foyer, sans pouvoir travailler. Elle se jure bien que ça ne lui arrivera pas.
Et puis la guerre arrive, avec son lot de monstruosités. Simone finit par se cacher sous une fausse identité. Mais elle brave l'ennemi, en sortant, en se rendant dans un lieu où l'on connait sa véritable identité. Où? Au lycée, pour passer son bac. Car il est hors de question pour elle de ne pas accéder au savoir. Ce jour-là, elle sera arrêtée, suite à une dénonciation, avec le reste de sa famille. Ils seront tous déportés.
Mais elle reviendra. Et le retour sera terrible. Car là où l'on pense qu'on a touché le bout de l'horreur, la France d'après guerre a décidé de s'arranger avec l'Histoire, en laissant de côté la collaboration (et les juifs) et en ne retenant que la Résistance, comme si tous les Français avaient été résistants. Cette indifférence fait mal mais elle n'empêche pas Simone d'avancer.
Elle s'inscrit à Sciences Po, y poursuit de brillantes études et y rencontre son mari. Après son diplôme, il refuse qu'elle travaille. Au début, elle ne dit rien, mais quelques années plus tard, quand leurs trois enfants ont grandi, elle lui annonce vouloir s'inscrire au barreau. Finalement, elle passe le concours de la magistrature et se retrouve en charge de l'administration pénitencière, où elle restera 10 ans et abattra un boulot monstre. Notamment pendant la guerre d'Algérie, une sombre période mystérieusement absente de nos livres d'histoire au lycée...
Puis arrive l'élection de Giscard et sa nomination au poste de ministre de la Santé. Et on découvre les dessous de cette fameuse loi Veil. On découvre le tour de force de cette femme d'avoir fait accepter cette loi à une assemblée majoritairement de droite, catholique et réactionnaire. Son génie réside dans l'angle d'attaque qu'elle a choisi. Refusant d'entrer dans un débat éthique sur l'embryon, refusant de partir sur le terrain féministe en parlant de liberté de choix, elle met l'Etat face à ses responsabilités, face à ces femmes qui avortent clandestinement et en souffrent et en meurent chaque jour. La France ne peut pas laisser ces femmes dans une situation dramatique. Après trois jours de débats houleux et de propos ignobles, la loi est votée. C'est une avancée phénoménale pour les droits des femmes. L'adoption de cette loi permettra aussi à la loi sur la contraception de 1967 d'être enfin appliquée.
Simone Veil continue brillamment sa carrière politique. Elle est la première femme élue présidente du parlement européen. C'est une femme forte, entêtée, droite dans ses bottes. Elle tient tête aux hommes autour d'elle, elle joue leur jeu, et ils n'aiment pas ça, cette femme qui ne reste pas à "sa place". Jamais, en plusieurs décennies de carrière, ses idées n'ont changé, malgré les multiples retournements politiques autour d'elle. Sa ligne de conduite est inaltérable. Son but est toujours d'aider les autres. Avec elle, morale et politique ne font qu'une. Bien peu peuvent en dire autant.
Elle est la première à dire qu'il ne faut pas que la droite s'allie avec le FN, même pour gagner une élection. Elle insiste sur le fait qu'il faut absolument un débat d'idées pour contrer les idées nauséabondes de l'extrême droite. Et ne pas juste se mettre des œillères. Malheureusement, personne ne l'écoute. C'était il y a plus de 20 ans. Et c'est toujours tristement d'actualité.
Je pense que j'ai une admiration sans bornes pour Simone Veil et tout ce que j'ai appris sur elle dans ce livre n'a fait que renforcer ce sentiment. Il ne faut pas oublier tout ce qu'elle a fait pour nous. Il ne faut pas oublier l'Histoire, le bon comme le mauvais. L'oubli est la première étape avant le recommencement.
Ce livre est absolument passionnant. Je conseille également le téléfilm 'La Loi' diffusé sur France 2 à l'occasion des 40 ans de la loi Veil. Il retrace les 3 jours de débats à l'assemblée nationale et est remarquablement interprété.