jeudi 14 janvier 2021

La Servante écarlate

Il était grand temps que je le lise après tout ce qu'on a dit dessus, pour me faire mon propre avis et pour savoir si je me lance dans la série ou non. Voici donc La Servante écarlate, roman de Margaret Atwood paru pour la première fois en 1985.

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, "servante écarlate" parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

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Dans cette dystopie, nous découvrons le monde de Gilead à travers le regard de Defred. Le récit alterne entre sa vie actuelle en tant que servante écarlate, sa vie passée avec son mari Luke et sa fille, sa "formation" auprès des Tantes et ses souvenirs d'adolescente.
L'idée de départ est très intéressante et même franchement dérangeante, surtout quand on sait que l'autrice s'est donnée pour règle de ne rien inventer et de n'inclure dans son œuvre que des choses qui existent ou ont déjà existé. Voilà de quoi donner matière à réfléchir sur les droits des femmes, surtout en cas de crise. Comme le disait Simone de Beauvoir: "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant." J'y ajouterai une crise sanitaire…
Les hommes ne sont guère mieux lotis que les femmes dans cette histoire puisque seuls une poignée d'entre eux, les plus riches, les Commandants, profitent de tout un tas de privilèges dont celui d'avoir accès aux femmes en général et aux servantes en particulier. Ca nous rappelle quelque chose, non?
Néanmoins, malgré un fond très pertinent, je n'ai vraiment pas accroché à la forme de ce roman. C'est lent, c'est très lent, c'est très très lent, c'est contemplatif. Si on n'en avait pas autant parlé, je pense que je ne serais jamais allée au bout du livre. Je trouve que ça manque d'action et de détails, il ne se passe rien avant la moitié du roman. Et c'est là que, pour moi, le résumé pose problème, notamment la dernière phrase: "En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté." On nous vend une rebelle, une résistante mais en fait, non. Defred ne fait rien, ne prend aucune initiative. Elle subit ce qui lui arrive sans jamais oser aller contre ce qu'on lui demande. C'était peut-être le but de l'autrice, nous montrer à quel point elle est coincée dans cette vie, incapable de s'échapper de cette horrible condition.
Pour moi, ça n'a pas fonctionné, je n'ai pas réussi à ressentir de l'empathie pour cette héroïne. Je m'attendais à être choquée, outrée, écœurée par ce qui lui arrive. Mais en fait, je me suis juste ennuyée. J'ai cru à plusieurs reprises qu'il allait se passer un événement déterminant, Defred a plusieurs fois les cartes en main pour tenter quelque chose mais rien.
Ajoutons à cela deux choses qui m'énervent prodigieusement dans un roman: les questions sans réponses et les fins ouvertes et nous obtenons un livre à côté duquel je suis complètement passée.
Si je ressors déçue de cette lecture, je pense néanmoins que le sujet ne doit pas tomber dans l'oubli et doit continuer à nous faire réfléchir.

lundi 11 janvier 2021

Les Résistantes

Un an qu'il traine dans ma bibliothèque, il était temps que je le lise. Voici donc Les Résistantes, 12 femmes qui font bouger la médecine, de Florence Méréo, paru en 2019 chez Harper Collins.



Marine, Chantal, Marion, Juliette et les autres n'avaient rien à voir avec le milieu médical, jusqu'à ce qu'un comprimé, un implant ou une addiction ne fassent basculer leur vie.
Refusant d'être des victimes résignées, elles ont agi, souvent sans argent ni réseau. Aurélie Joux a puisé la force de se battre dans les yeux de son fils Timéo. Anny Duperey en mettant sa notoriété de comédienne au service des malades du Levothyrox.
Elles ont su mobiliser l'opinion - non sans être infantilisées, menacées parfois. C'est grâce à ces femmes hors du commun que l'on connait les dangers de plusieurs médicaments et dispositifs médicaux. Certaines sont des pionnières, qui font peu à peu tomber les tabous sociétaux comme les maltraitances gynécologiques.
Aujourd'hui, elle ne sont plus seules. En plus de leur témoignage, elles livrent ici leurs conseils de "résistantes": tout ce qu'elles auraient aimé savoir pour mener au mieux leur combat.
Puisse leur voix être entendue pour faire émerger un système de santé moins opaque, plus sûr et plus humain.

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Florence Méréo, journaliste au Parisien, nous raconte l'histoire de 12 femmes qui ont toutes eu maille à partir avec le monde médical. Si les récits et les expériences sont différentes, plusieurs points communs ressortent: le manque d'informations des médecins sur ce qu'ils prescrivent (comment peut-on encore prescrire un médicament connu pour être tératogène à une femme enceinte?), leur manque d'écoute quand une question est posée ou un problème rapporté et l'immobilisme des autorités de santé censées nous protéger. Comment expliquer des délais de plusieurs années pour interdire un médicament déjà interdit dans d'autres pays?
Mais ce que ces lanceuses d'alerte ont surtout en commun, c'est une volonté et un courage hors-norme. Et il en faut pour affronter tout ça, les médecins, les laboratoires, les hôpitaux, les avocats, les procédures, sans compter les problèmes de santé et les problèmes personnels aux lourdes conséquences.
Je connaissais déjà certaines d'entre elles, j'en ai découvertes d'autres et leurs histoires ne peuvent laisser indifférente. Leur sentiment de révolte est palpable à travers ces pages.
Les chapitres sont assez inégaux, certains assez détaillés, d'autres moins, survolant à peine le sujet. Est-ce une volonté de l'autrice ou des interviewées? Je ne sais pas mais cela m'a frustrée, ça ne va pas assez en profondeur ni sur le plan médical, ni sur le plan procédurier. Les références à la fin du livre permettent cependant d'aller plus loin.
Le ton journalistique, parfois larmoyant façon reportage de TF1, m'a fait tiquer quelque fois, voire m'a franchement agacée une ou deux fois, sans parler de cette manie de toujours revenir au physique des femmes: "cheveux blonds au vent", "pieds nus, les cheveux encore mouillés", c'est inapproprié et hors sujet.
Les conseils de ces femmes à la fin de chaque chapitre sont très pertinents et seront sans doute une aide précieuse pour d'autres personnes dans des situations similaires. Leurs combats et leurs expériences sont des exemples à suivre pour continuer à faire bouger les choses, pour que le monde évolue dans le bon sens.
Je sors assez déçue de cette lecture, je suis restée sur ma faim avec l'impression d'avoir juste regardé un reportage à sensation à la télévision.