Il était grand temps que je le lise après tout ce qu'on a dit dessus, pour me faire mon propre avis et pour savoir si je me lance dans la série ou non. Voici donc La Servante écarlate, roman de Margaret Atwood paru pour la première fois en 1985.
Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, "servante écarlate" parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.
*****
Dans cette dystopie, nous découvrons le monde de Gilead à travers le regard de Defred. Le récit alterne entre sa vie actuelle en tant que servante écarlate, sa vie passée avec son mari Luke et sa fille, sa "formation" auprès des Tantes et ses souvenirs d'adolescente.
L'idée de départ est très intéressante et même franchement dérangeante, surtout quand on sait que l'autrice s'est donnée pour règle de ne rien inventer et de n'inclure dans son œuvre que des choses qui existent ou ont déjà existé. Voilà de quoi donner matière à réfléchir sur les droits des femmes, surtout en cas de crise. Comme le disait Simone de Beauvoir: "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant." J'y ajouterai une crise sanitaire…
Les hommes ne sont guère mieux lotis que les femmes dans cette histoire puisque seuls une poignée d'entre eux, les plus riches, les Commandants, profitent de tout un tas de privilèges dont celui d'avoir accès aux femmes en général et aux servantes en particulier. Ca nous rappelle quelque chose, non?
Néanmoins, malgré un fond très pertinent, je n'ai vraiment pas accroché à la forme de ce roman. C'est lent, c'est très lent, c'est très très lent, c'est contemplatif. Si on n'en avait pas autant parlé, je pense que je ne serais jamais allée au bout du livre. Je trouve que ça manque d'action et de détails, il ne se passe rien avant la moitié du roman. Et c'est là que, pour moi, le résumé pose problème, notamment la dernière phrase: "En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté." On nous vend une rebelle, une résistante mais en fait, non. Defred ne fait rien, ne prend aucune initiative. Elle subit ce qui lui arrive sans jamais oser aller contre ce qu'on lui demande. C'était peut-être le but de l'autrice, nous montrer à quel point elle est coincée dans cette vie, incapable de s'échapper de cette horrible condition.
Pour moi, ça n'a pas fonctionné, je n'ai pas réussi à ressentir de l'empathie pour cette héroïne. Je m'attendais à être choquée, outrée, écœurée par ce qui lui arrive. Mais en fait, je me suis juste ennuyée. J'ai cru à plusieurs reprises qu'il allait se passer un événement déterminant, Defred a plusieurs fois les cartes en main pour tenter quelque chose mais rien.
Ajoutons à cela deux choses qui m'énervent prodigieusement dans un roman: les questions sans réponses et les fins ouvertes et nous obtenons un livre à côté duquel je suis complètement passée.
Si je ressors déçue de cette lecture, je pense néanmoins que le sujet ne doit pas tomber dans l'oubli et doit continuer à nous faire réfléchir.