dimanche 24 avril 2022

Nuits Blanches

Reçu dans le cadre de la Masse Critique Babelio, j'étais très curieuse de recevoir ce livre car j'ai croisé son autrice dans une vie antérieure, pendant nos études. Voici donc Nuits Blanches d'Ophélie Hervet paru en 2019 chez Reines de Cœur.



Dans les bas quartiers d'un Paris futuriste, Aurore chine dans les déchetteries à ciel ouvert le moindre bout de métal. La jeune femme, réputée pour ses qualités de mécanicienne-prothésiste, travaille dans l'atelier de son père récemment décédé. Recrutée par un hôpital aux pratiques peu scrupuleuses, la mécanicienne est heureuse de sortir de son quotidien précaire. Mais elle déchante aussitôt lorsqu'un gang la menace afin d'obtenir des informations sur Marc, le directeur de l'établissement. A la recherche d'indice, Aurore se rapproche d'Iris, la chirurgienne chargée de sa supervision. La jeune femme est rapidement troublée par l'attirance qu'elle éprouve pour sa supérieure. Au cœur de cette lutte de pouvoirs jalonnée de violents trafics, Aurore se retrouve tiraillée entre les menaces à l'encontre de ses proches et un potentiel amour qui s'offre à elle…

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Les habitués de la science-fiction se retrouveront sans peine dans l'univers futuriste de ce roman. C'est un schéma assez classique, avec les très riches d'un côté et les très pauvres de l'autre, les uns ayant accès à une technologie très avancée et les autres évoluant dans un climat violent et désespéré. Ce Paris clivé m'a beaucoup rappelé celui des romans de Jean-Marc Ligny (Inner City, la trilogie des Zapmen...).
Le thème des prothèses est aussi souvent abordé dans ce genre littéraire, notamment dans Les Brumes de Cendrelune que j'ai lu récemment.
Voilà pourquoi je suis rentrée dans ce roman avec hésitation, une page après l'autre, de peur de tomber sur du déjà vu. Et puis ce sont les personnages qui m'ont attrapée par la main et qui m'ont fait plonger dedans. Iris, la chirurgienne talentueuse mais victime du syndrome de l'imposteur, Aurore, la mécanicienne badass qui aspire à plus que la petite place qu'on lui laisse et leur rencontre improbable. Je ne saurais pas dire laquelle j'ai préférée.
Et puis, il y a aussi tous les autres, Jérôme l'infirmier et le soutien infaillible, Marc le directeur énigmatique et flippant, les Loups d'acier, redoutables membres de gangs. Les personnages sont bien travaillés avec leurs forces et leurs vulnérabilités. On les découvre au fur et à mesure bien plus complexes qu'au premier abord.
Leurs relations sortent de l'ordinaire, de l'hétéronormativité habituelle et ça parait tellement naturel à tous ces personnages qu'on se demande bien pourquoi ça coince autant dans la vraie vie. Ce changement est plus que bienvenu dans mes lectures.
J'ai beaucoup apprécié le système de narration qui nous fait passer d'un personnage à l'autre, parfois au milieu d'une action, et qui permet de bien voir les différents points de vue, de rentrer dans la tête des protagonistes.
Une intrigue bien ficelée même si plutôt convenue, une tension qui monte au fil des chapitres et un final qui s'accélère, de quoi bien nous divertir et nous faire tourner les pages de plus en plus vite.
Une dernière chose, qui est sans doute un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup, les scènes de chirurgie sont précises et réalistes. Et ça fait du bien un peu de rigueur médicale dans un roman. Personnellement, j'ai beaucoup de mal à voir l'anatomie maltraitée par des approximations parfois très grossières dans les livres ou dans les films.
En résumé, ce premier roman d'Ophélie Hervet est une très bonne découverte et je vais suivre ses futures publications avec intérêt.