mardi 9 novembre 2021

Lullaby

J'ai reçu ce livre dans le cadre de la Babelio Masse Critique. C'est la première fois que je lis cette autrice. Voici donc Lullaby de Cécile Guillot, paru en juin 2021 aux Editions du Chat Noir.

Etats-Unis, années 20.
Hazel aime écrire des histoires horrifiques et rêve de devenir écrivain. Son cœur bat pour sa jolie voisine, Blanche. Mais quand ses parents découvrent ses diverses inclinations, ils s'en indignent et décident de la faire interner à Montrose Asylum.
Là-bas, elle rencontre la fougueuse Jo et la fragile Lulla. Toutes les trois vont suivre la mystérieuse berceuse qui s'élève la nuit, les menant au sein d'un jardin abandonné…

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La première chose que l'on remarque, c'est la sublime couverture de ce roman. Vous ne le voyez pas à l'écran mais les feuilles et les papillons de nuit sont en relief et brillants, c'est juste magnifique.
La deuxième chose, c'est le format très court, à peine une centaine de page. On est presque dans une nouvelle. Je n'apprécie pas particulièrement ce format car j'ai souvent l'impression de rester sur ma faim. Mais soit, en avant.
Effectivement, la brièveté du récit nous plonge directement dans le cœur de l'histoire. Etats-Unis, années 20, une époque où les perspectives d'avenir sont limitées pour les femmes: trouver un mari et faire des enfants. Mais ce n'est pas à tout cela qu'aspire Hazel. Ce qui n'est pas du goût de ses parents qui la font interner dans un asile psychiatrique.
Hazel découvre un lieu à la hauteur de ses pires cauchemars, entre internements forcés et traitements relevant plutôt de la torture. Un endroit bien pratique pour enfermer celles qui dérangent, comme Jo ou Lulla. Toutes les trois vont tenter de découvrir ce qu'il s'y passe la nuit. Mais comment démêler le vrai du faux? Le rêve de la réalité?
Un univers immersif, riche de détails, rappelant le film Sucker Punch, une plume très agréable qui nous emmène là où elle veut, jusqu'à un twist final saisissant. Une superbe découverte. Un conseil: lisez-le d'une traite, la fin n'en sera que plus percutante.

lundi 1 novembre 2021

La Pâtisserie Bliss, tome 1

J'ai découvert ce livre au cours d'une chronique télé de Gérard Collard au magazine de la santé. Autant vous dire que ça date un peu. Mais je l'ai toujours gardé dans un coin de ma tête. Et j'ai enfin eu l'occasion de le lire. Voici donc La Pâtisserie Bliss, tome 1, de Kathryn Littlewood, paru en 2012, 2013 pour la traduction française.


La pâtisserie de la famille Bliss cache un secret très ancien: un livre de recettes magiques. Le jour où Rose et ses frères et sœurs se retrouvent seuls à tenir la boutique, ils se lancent dans quelques recettes un peu… spéciales. Mais les Muffins d'amour et les Cookies de la vérité vont transformer la petite ville de Calamity Falls en véritable maison de fous…

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Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un livre jeunesse. Un livre jeunesse comme je les aime, avec ce qu'il faut d'imagination et de folie pour nous faire croire des choses improbables, et une intrigue qui tient la route et ne prend pas les lecteurs pour des idiots. Il n'y a rien de plus agaçant pour moi que les romans jeunesse qui prennent les enfants pour des simples d'esprit. Je me suis laissée entrainée par cette histoire folle, par ce mystère et ces rebondissements, même si j'ai vu arriver de loin certains événements.

J'ai beaucoup aimé le personnage de Rose, avec ses doutes et ses espoirs propres à l'adolescence. On ressent son ambivalence entre faire plaisir à sa famille et faire ce dont elle rêve. Mais les deux sont-ils vraiment incompatibles? Sa tumultueuse et attachante fratrie ne fait rien pour lui faciliter la tâche.

Une chouette histoire mêlant réel et imaginaire, idéale pour se (re)plonger dans l'enfance et la pâtisserie.

mardi 5 octobre 2021

La Rivières des âmes

Découvrir un roman de Mireille Calmel au détour d'une brocante, c'est toujours une bonne surprise. Même si j'ai été moins enthousiaste en lisant le résumé et en constatant qu'il s'agissait d'une histoire d'amour contemporaine, je n'ai pas hésité. Voici donc La Rivière des âmes, paru en 2008.


Maud, romancière à succès, étouffée sous le poids d'un secret : depuis quelques semaines, elle entend une voix d'homme, dans sa tête.
Dans un hôpital parisien, Vincent, brillant neurologue, tente de comprendre pourquoi il ne peut oublier une inconnue entraperçue dans un grand magasin. A l'autre bout de Paris, la nuit, un homme tue des prostituées rousses, avec une sauvagerie inouïe. Maud, Vincent et le tueur, trois chemins de vie qui convergent inexorablement. Trois destins dont la rencontre a déjà provoqué la passion et le drame, il y a très longtemps, au Moyen Age.
S'ils veulent conjurer ce passé, Maud et Vincent devront affronter leurs peurs, se battre contre leurs démons. Pour survivre, mais surtout pour gagner la confiance et l'amour de l'être qui, au-delà du temps, leur est destiné
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Avec ce roman, l'autrice sort de son registre habituel, le Moyen-Age, tout en gardant un lien avec cette période qui lui est chère. On retrouve d'ailleurs de nombreuses allusions à son roman Le Lit d'Aliénor, ce que j'ai apprécié, même si je crains que celleux qui ne l'ont pas lu ne soient un peu perdu.es.
En effet, le rythme est assez inégal et la narration un peu brouillonne. L'intrigue est longue à se lancer et quand on commence enfin à comprendre un peu ce qui se passe, bim, l'autrice nous sert toutes les explications sur un plateau en trois paragraphes. S'ensuit le dernier tiers du livre, qui du coup perd de son intérêt, et se termine sur une fin que je trouve trop rapide, avec des conclusions un peu bancales.

Si le personnage de Maud est bien développé et intéressant, avec ses failles et ses faiblesses, je n'ai pas accroché au personnage de Vincent. Le présenter comme un coureur de jupons qui se range parce qu'il aurait trouvé la femme de sa vie, très peu pour moi. Le fait qu'il soit très peu décrit n'a rien arrangé, on ne sait quasiment rien de lui alors que c'est un des protagonistes principaux! De plus, les deux personnages jouent au chat et la souris pendant la quasi-totalité du roman avant de tomber béatement dans les bras l'un de l'autre, parce que c'est le destin. Un brin cliché, dirons-nous.

Certains personnages secondaires tirent cependant leur épingle du jeu, notamment Véra Lavielle et le petit Gallagher, et nous arrachent tantôt un sourire, tantôt une larme.

Vous l'aurez compris, ce livre n'est pas un coup de cœur, l'intrigue trop tarabiscotée pour être crédible et le trop plein de clichés auront eu raison de moi. Néanmoins, il m'aura donné envie de reprendre Le Lit d'Aliénor, que j'avais lâchement abandonné, et qui est, je vous l'assure, mille fois meilleur.

Les Vilaines

J'avais repéré ce livre lors d'une masse critique de Babelio mais je n'ai pas été sélectionnée pour le recevoir. Aussi, quand je l'ai aperçu en tête de rayon à la bibliothèque, je n'ai pas hésité. Voici donc Les Vilaines, de Camilla Sosa Villada, paru en janvier 2021 aux Editions Métailier.


La Tante Encarna porte tout son poids sur ses talons aiguilles au cours des nuits de la zone rouge du parc Sarmiento, à Córdoba, en Argentine. La Tante – gourou, mère protectrice avec des seins gonflés d’huile de moteur d’avion – partage sa vie avec d’autres membres de la communauté trans, sa sororité d’orphelines, résistant aux bottes des flics et des clients, entre échanges sur les derniers feuilletons télé brésiliens, les rêves inavouables, amour, humour et aussi des souvenirs qui rentrent tous dans un petit sac à main en plastique bon marché.
Une nuit, entre branches sèches et roseaux épineux, elles trouvent un bébé abandonné qu’elles adoptent clandestinement. Elles l’appelleront Éclat des Yeux.

Premier roman fulgurant, sans misérabilisme, sans auto-compassion, Les Vilaines raconte la fureur et la fête d’être trans. Avec un langage qui est mémoire, invention, tendresse et sang, ce livre est un conte de fées et de terreur, un portrait de groupe, une relecture de la littérature fantastique, un manifeste explosif qui nous fait ressentir la douleur et la force de survie d’un groupe de femmes qui auraient voulu devenir reines mais ont souvent fini dans un fossé. Un texte qu’on souhaite faire lire au monde entier qui nous rappelle que « ce que la nature ne te donne pas, l’enfer te le prête ».

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Entre réalité et fiction, autobiographie et fantastique, Les Vilaines nous entraine dans le quotidien d'un groupe de trans en Argentine. A travers le regard de Camila, on découvre leurs joies parfois, leurs peines souvent, mais aussi leur énergie hors du commun malgré les épreuves et leur sororité.

Nous suivons la vie de ce groupe de femmes trans, prostituées par nécessité pour la plupart, affrontant chacune à sa manière l'adversité et la violence de la société à leur égard. C'est que la vie ne leur a pas fait de cadeau, à part peut-être cet enfant, abandonné dans un parc. Au gré des chapitres, nous découvrons le passé de Camila, sa famille et les relations plus que difficiles qu'elle a avec ses parents qui ne l'acceptent pas telle qu'elle est. Alternant avec l'avancée de la trame principale, les portraits des membres du groupe viennent enrichir le récit et nous montrer les multiples facettes de leurs vies.

Le style, à la fois réaliste et incisif, nous dévoile également toute la tendresse de l'autrice pour ses personnages. Un roman dur mais riche, dont on ne peut sortir indifférente.

samedi 12 juin 2021

Une histoire de genres, Guide pour comprendre et défendre les transidentités

J'ai eu l'immense honneur d'être sélectionnée par Babelio pour recevoir le livre de Lexie, Une histoire de genre, Guide pour comprendre et défendre les transidentités, paru en février 2021 chez Marabout, et rencontrer (virtuellement) l'autrice. 

A l'heure où les questions de genre et d'identité sont de plus en plus présentes dans l'espace public, voici un guide qui déconstruit tous les préjugés, les abus de langage, les non-sens liés aux transidentités, afin de mieux comprendre celles-ci et de leur donner les armes pour s'émanciper. Car si la transidentité est une histoire de rapport de soi à soi, de prise de conscience individuelle, c'est aussi un rapport à des normes et à des constructions sociopolitiques, culturelles et historiques.

Véritable prolongement du compte Instagram sur lequel Lexie s'emploie avec patience et grande rigueur à éduquer sur les questions de genre, ce livre engagé est une vraie boussole et un outil d'empouvoirement pour les personnes trans qui sont le plus souvent isolées, stigmatisées et font l'objet de violences extrêmes, mais aussi pour les personnes cisgenres, concernées ou non, car c'est sa propre place dans la société et le traitement des différences qu'il s'agit de questionner.

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Il y a tellement de choses à dire sur ce livre que c'est difficile de savoir par où commencer. Je dirais d'abord que sa plus grande force, c'est de s'adresser à tout le monde, personnes transgenres, cisgenres, concernées de près, de loin, pas du tout. Il est très accessible, qu'on soit déjà renseigné.e sur les questions de transidentités ou non. Tout est clair et le lexique à la fin permet d'expliciter les termes dont nous n'aurions pas l'habitude. Il est écrit en écriture inclusive et n'en déplaise à ses détracteurs, il est parfaitement lisible.

Concernant le contenu, ce livre est riche, très riche et pourtant ce n'est pas une brique de 600 pages. L'autrice nous explique ce que sont les transidentités et plus généralement, ce qu'est le genre qui n'est ni binaire, ni inné, ni lié au sexe. Le genre est avant tout une construction culturelle et sociale qui varie au cours du temps et de l'espace.

On trouve également dans ce livre de nombreuses informations concrètes sur les parcours trans et l'accompagnement. La réalité des personnes trans derrière les fantasmes. Et aussi, comment déconstruire ces clichés, comment dépasser la curiosité mal placée, voire malsaine, et être un vrai soutien pour les personnes trans. En commençant déjà par admettre que les personnes trans sont les mieux placées pour parler de transidentités et en revoyant sérieusement notre vocabulaire.

Malheureusement, on ne peut parler de transidentités sans parler de transphobie. Lexie démontre que la transphobie est présente partout, de façon volontaire ou non, qu'elle est un système. On retrouve les mêmes mécanismes d'oppression que pour les autres minorités: l'invisibilisation, la non prise en compte des besoins, les décisions prises par des "experts" absolument pas concernés par le sujet, les personnes trans étant jugées trop proches du sujet pour avoir un avis objectif, la difficulté de se faire entendre qui est d'autant plus importante que les personnes trans représentent environ 1% de la population, quantité jugée "négligeable" par certain.e.s (personne n'est négligeable, jamais!). Tout cela est déjà d'une violence inouïe sans même parler des violences verbales et physiques, allant jusqu'au meurtre, qui sont malheureusement encore trop fréquentes. Il est plus que temps de prendre conscience de cela.

Lexie, diplômée en histoire de l'art, nous fait partager sa passion en parlant des transidentités à d'autres époques et dans d'autres cultures. C'est tout simplement captivant, j'aurais pu en lire des pages et des pages, surtout quand elle nous a dit qu'elle avait dû raccourcir ce chapitre!

L'autrice aborde enfin le sujet du militantisme, souvent choisi, parfois imposé, et tellement nécessaire. Elle revient sur les concepts d'intersectionnalité et de non-mixité, sur la nécessité de la convergence des luttes pour faire avancer les choses. Tout cela résonne en moi et parle à mon côté militante féministe.

Bonus culture: un tour d'horizon des représentations trans dans l'art, la culture, les médias, un petit portrait de personnalités trans à la fin de chaque chapitre. Tout cela est loin d'être anodin et influence notre vision des choses.

La rencontre (virtuelle) avec Lexie a été très enrichissante. Elle nous a parlé de ses débuts sur Instagram, de ce que cela lui a apporté de positif et de négatif, de la construction du livre et de ses projets, dont j'espère vraiment qu'ils vont voir le jour. C'est une personne très inspirante et enthousiasmante.

Pour conclure, je dirais que ce livre est à mettre entre toutes les mains, c'est un indispensable pour comprendre les transidentités mais aussi comment fonctionne notre société avec ses oppressions, ses dominations, ses cases trop étroites et les moyens de s'en affranchir. L'autrice expose très bien les choses, tantôt d'un point de vue personnel, tantôt en restant factuelle, mais toujours de façon bienveillante et claire.

Je remercie Babelio, Marabout et Lexie pour ce livre et cette rencontre. Pour aller plus loin, toute la bibliographie à la fin de l'ouvrage et le compte Instagram de Lexie évidemment, @agressevily_trans.

samedi 5 juin 2021

Les Brumes de Cendrelune, tome 1: Le Jardins des âmes

La critique de Lire ou dormir, il faut choisir m'avait donné très envie de lire Les Brumes de Cendrelune, Tome 1, Le jardin des âmes de Georgia Caldera, paru en 2019 chez J'ai lu. Je n'ai donc pas hésité quand je l'ai vu à la bibliothèque.

Dans le royaume de Cendrelune, les dieux épient les pensées des hommes, et leur Exécuteur, l'Ombre, veille à condamner tous ceux qui nourriraient des envies de rébellion.
Or, il semble que certaines failles existent. A l'âge de 17 ans, Céphise ne vit en effet que pour se venger. Depuis qu'on l'a amputée d'une partie d'elle-même et privée de sa famille, elle ne rêve que d'une chose: s'affranchir de la tyrannie du tout-puissant Orion, Dieu parmi les dieux. Et contre toute attente, il se pourrait bien qu'elle ne soit pas seule…

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Que se cache-t-il donc derrière cette sublime couverture illustrée par l'autrice? Un monde pour le moins sombre, mélancolique et sans espoir. Un monde tourmenté, dans un constant brouillard de cendres, où la nature a totalement disparu, remplacée par du métal, froid et dur.
Orion, dieu tout-puissant, règne sur ce monde, épiant la moindre pensée et condamnant à mort sans scrupule au premier signe de rébellion. Mais il ne s'occupe pas des basses besognes, il envoie l'Ombre faire le sale travail à sa place.
Du côté des humains, comme du côté des dieux, l'équilibre est instable, précaire. Céphise, orpheline survivant dans la cité d'argent, ne peut s'en empêcher: elle ne pense qu'à se venger. Pourtant, ses rêves de revanche ne semblent pas parvenir jusqu'à Orion, à qui rien n'échappe, normalement. Il ne semble pas non plus faire l'unanimité dans sa propre maison.
Un univers riche, des personnages complexes, une intrigue qui va demander plusieurs tomes pour livrer tous ses secrets, ce roman m'a beaucoup plu. J'ai également beaucoup aimé la plume de l'autrice, son style, son vocabulaire. Un seul bémol: je sens poindre à l'horizon un triangle amoureux et cette configuration commence vraiment à me lasser. Mais peut-être que je me trompe et que le tome 2 me surprendra. Je vais malheureusement devoir attendre car il n'est pas disponible à la bibliothèque. Mais je l'ai rajouté sur la liste des suggestions d'achat. ;)

vendredi 19 mars 2021

Une vie n'est pas suffisante pour apprendre à aimer

Dans le cadre de la Babelio Masse Critique, j'ai eu le plaisir de recevoir le roman de Marie-Christine d'Welles, Une vie n'est pas suffisante pour apprendre à aimer, paru en décembre 2020 aux éditions Kiwi.

Lùcia est professeure de samba, sa passion, à Los Angeles où elle vit avec John Joseph, son époux. Lors d'un voyage à Paris, Lùcia découvre que son mari la trompe : sa vie bascule. Venue dans la capitale romantique pour revoir sa famille d'adoption, Lùcia va petit à petit reconstituer le puzzle de ses origines. Née dans une favela à Rio de Janeiro, l'héroïne découvre le terrible secret qui entoure sa conception. En quête de réponses, elle croise le chemin d'Alexandre, violoniste virtuose qui enchaîne les concerts à travers l'Europe. Lùcia le suit, emportée par le lyrisme des partitions classiques mais aussi par l'affection grandissante entre elle et le concertiste. Sensible et attentionné, Alexandre devient le confident idéal et le dépositaire du secret de Lùcia…

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Si j'ai mis aussi longtemps à publier cette chronique, c'est parce que j'ai vraiment eu beaucoup de mal à lire ce livre. Si je ne l'avais pas reçu dans le cadre de la Babelio Masse Critique (et je remercie Babelio et les éditions Kiwi pour cela), je ne pense pas que je serais allée au bout.

Ce livre est trop pour moi. Trop de détails, trop de détours, trop de digressions, trop de personnages secondaires que j'ai été incapable d'identifier clairement, pour finalement trop peu d'histoire. Est-ce vraiment utile de connaitre le contenu de l'assiette de Lùcia à chaque fois qu'elle mange? Une succession de concerts et de restaurants, de visites touristiques, de discussions interminables sur la musique, la poésie, la vie de Beethoven, Mozart, Bach, Marguerite Yourcenar et d'autres. Tout cela étouffe l'histoire qui tiendrait sinon en 10 pages. On voit que l'autrice a effectué beaucoup de recherches pour ce roman mais j'aurais apprécié une histoire plus développée et moins de fioritures.

J'ai également trouvé qu'il y avait des soucis de temporalité dans le récit. Lùcia se remémore de nombreux souvenirs et conversations, parfois au milieu d'un paragraphe se passant dans le présent, parfois on saute plusieurs années d'une ligne à l'autre. Je me suis perdue à plusieurs reprises.

Le livre est écrit à la première personne mais je pense qu'il a d'abord été écrit à la 3e personne avant que cela ne soit changé, en témoignent plusieurs passages qui ont échappé à la vigilance des correcteur.rices.

Ce livre me fait penser à certains films d'auteur du cinéma français où beaucoup de personnages se croisent pour finalement n'aboutir à pas grand chose.

Je finirai par le personnage de John Joseph, véritable cliché de l'américain, très sûr de lui, ne vivant que pour son travail, imposant ses choix à sa femme et jugeant toutes ses préoccupations futiles. Et on sait dès le premier chapitre que Lùcia va retourner auprès de lui et que c'est un mauvais choix. Donc, on en est encore là, en 2021, à glorifier des relations toxiques et la résilience d'une femme à supporter le comportement inacceptable de son mari.

Ce roman n'était définitivement pas pour moi.

jeudi 14 janvier 2021

La Servante écarlate

Il était grand temps que je le lise après tout ce qu'on a dit dessus, pour me faire mon propre avis et pour savoir si je me lance dans la série ou non. Voici donc La Servante écarlate, roman de Margaret Atwood paru pour la première fois en 1985.

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, "servante écarlate" parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

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Dans cette dystopie, nous découvrons le monde de Gilead à travers le regard de Defred. Le récit alterne entre sa vie actuelle en tant que servante écarlate, sa vie passée avec son mari Luke et sa fille, sa "formation" auprès des Tantes et ses souvenirs d'adolescente.
L'idée de départ est très intéressante et même franchement dérangeante, surtout quand on sait que l'autrice s'est donnée pour règle de ne rien inventer et de n'inclure dans son œuvre que des choses qui existent ou ont déjà existé. Voilà de quoi donner matière à réfléchir sur les droits des femmes, surtout en cas de crise. Comme le disait Simone de Beauvoir: "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant." J'y ajouterai une crise sanitaire…
Les hommes ne sont guère mieux lotis que les femmes dans cette histoire puisque seuls une poignée d'entre eux, les plus riches, les Commandants, profitent de tout un tas de privilèges dont celui d'avoir accès aux femmes en général et aux servantes en particulier. Ca nous rappelle quelque chose, non?
Néanmoins, malgré un fond très pertinent, je n'ai vraiment pas accroché à la forme de ce roman. C'est lent, c'est très lent, c'est très très lent, c'est contemplatif. Si on n'en avait pas autant parlé, je pense que je ne serais jamais allée au bout du livre. Je trouve que ça manque d'action et de détails, il ne se passe rien avant la moitié du roman. Et c'est là que, pour moi, le résumé pose problème, notamment la dernière phrase: "En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté." On nous vend une rebelle, une résistante mais en fait, non. Defred ne fait rien, ne prend aucune initiative. Elle subit ce qui lui arrive sans jamais oser aller contre ce qu'on lui demande. C'était peut-être le but de l'autrice, nous montrer à quel point elle est coincée dans cette vie, incapable de s'échapper de cette horrible condition.
Pour moi, ça n'a pas fonctionné, je n'ai pas réussi à ressentir de l'empathie pour cette héroïne. Je m'attendais à être choquée, outrée, écœurée par ce qui lui arrive. Mais en fait, je me suis juste ennuyée. J'ai cru à plusieurs reprises qu'il allait se passer un événement déterminant, Defred a plusieurs fois les cartes en main pour tenter quelque chose mais rien.
Ajoutons à cela deux choses qui m'énervent prodigieusement dans un roman: les questions sans réponses et les fins ouvertes et nous obtenons un livre à côté duquel je suis complètement passée.
Si je ressors déçue de cette lecture, je pense néanmoins que le sujet ne doit pas tomber dans l'oubli et doit continuer à nous faire réfléchir.

lundi 11 janvier 2021

Les Résistantes

Un an qu'il traine dans ma bibliothèque, il était temps que je le lise. Voici donc Les Résistantes, 12 femmes qui font bouger la médecine, de Florence Méréo, paru en 2019 chez Harper Collins.



Marine, Chantal, Marion, Juliette et les autres n'avaient rien à voir avec le milieu médical, jusqu'à ce qu'un comprimé, un implant ou une addiction ne fassent basculer leur vie.
Refusant d'être des victimes résignées, elles ont agi, souvent sans argent ni réseau. Aurélie Joux a puisé la force de se battre dans les yeux de son fils Timéo. Anny Duperey en mettant sa notoriété de comédienne au service des malades du Levothyrox.
Elles ont su mobiliser l'opinion - non sans être infantilisées, menacées parfois. C'est grâce à ces femmes hors du commun que l'on connait les dangers de plusieurs médicaments et dispositifs médicaux. Certaines sont des pionnières, qui font peu à peu tomber les tabous sociétaux comme les maltraitances gynécologiques.
Aujourd'hui, elle ne sont plus seules. En plus de leur témoignage, elles livrent ici leurs conseils de "résistantes": tout ce qu'elles auraient aimé savoir pour mener au mieux leur combat.
Puisse leur voix être entendue pour faire émerger un système de santé moins opaque, plus sûr et plus humain.

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Florence Méréo, journaliste au Parisien, nous raconte l'histoire de 12 femmes qui ont toutes eu maille à partir avec le monde médical. Si les récits et les expériences sont différentes, plusieurs points communs ressortent: le manque d'informations des médecins sur ce qu'ils prescrivent (comment peut-on encore prescrire un médicament connu pour être tératogène à une femme enceinte?), leur manque d'écoute quand une question est posée ou un problème rapporté et l'immobilisme des autorités de santé censées nous protéger. Comment expliquer des délais de plusieurs années pour interdire un médicament déjà interdit dans d'autres pays?
Mais ce que ces lanceuses d'alerte ont surtout en commun, c'est une volonté et un courage hors-norme. Et il en faut pour affronter tout ça, les médecins, les laboratoires, les hôpitaux, les avocats, les procédures, sans compter les problèmes de santé et les problèmes personnels aux lourdes conséquences.
Je connaissais déjà certaines d'entre elles, j'en ai découvertes d'autres et leurs histoires ne peuvent laisser indifférente. Leur sentiment de révolte est palpable à travers ces pages.
Les chapitres sont assez inégaux, certains assez détaillés, d'autres moins, survolant à peine le sujet. Est-ce une volonté de l'autrice ou des interviewées? Je ne sais pas mais cela m'a frustrée, ça ne va pas assez en profondeur ni sur le plan médical, ni sur le plan procédurier. Les références à la fin du livre permettent cependant d'aller plus loin.
Le ton journalistique, parfois larmoyant façon reportage de TF1, m'a fait tiquer quelque fois, voire m'a franchement agacée une ou deux fois, sans parler de cette manie de toujours revenir au physique des femmes: "cheveux blonds au vent", "pieds nus, les cheveux encore mouillés", c'est inapproprié et hors sujet.
Les conseils de ces femmes à la fin de chaque chapitre sont très pertinents et seront sans doute une aide précieuse pour d'autres personnes dans des situations similaires. Leurs combats et leurs expériences sont des exemples à suivre pour continuer à faire bouger les choses, pour que le monde évolue dans le bon sens.
Je sors assez déçue de cette lecture, je suis restée sur ma faim avec l'impression d'avoir juste regardé un reportage à sensation à la télévision.