Après avoir vu l'interview de Victoire Maçon Dauxerre, j'ai eu envie de lire son histoire, parue en 2016 aux éditions Les Arènes.
À 17 ANS, EN PLEINES RÉVISIONS DU BAC, Victoire fait du shopping à Paris, quand elle est repérée par un chasseur de mannequins. Engagée par l’agence Elite, elle mesure 1,78 m et pèse 56 kg. Trop grosse ! Ou pas assez maigre. Elle va perdre 9 kg en ne mangeant que trois pommes par jour, afin de répondre aux exigences tyranniques des maisons de couture.
EN SEPTEMBRE, ELLE ATTEINT LA TAILLE 32, sésame indispensable pour briller lors des castings, et participe avec succès à sa première fashion week à New York. Avec Milan et Paris, elle enchaîne vingt-deux défilés pour les plus grands créateurs : Céline, Alexander McQueen, Miu Miu, Vanessa Bruno... Elle entre dans le Top 20 des mannequins les plus demandés.
MAIS DERRIÈRE LA SOIE ET LES PAILLETTES, Victoire découvre un système inhumain : des adolescentes que l’on prend pour des femmes sont traitées comme des objets. La sélection est impitoyable et la maigreur devient une obsession. Elle est emportée dans la spirale de l’anorexie. Sept mois après ses débuts fracassants, elle fait une tentative de suicide et passe des podiums à l’hôpital.
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On se doute bien que la vie de mannequin est loin d'être rose et ce n'est pas la première fois que l'on parle de l'anorexie, malheureusement omniprésente dans ce milieu. Mais ce qu'on découvre dans ce livre, c'est la manière dont ces jeunes filles sont traitées, le mépris permanent des professionnels de la mode à l'égard de leurs faire-valoir interchangeables et remplaçables.
"Vous êtes merveilleuse, magnifique, formidable, vous allez devenir un super top model!" Mais dès que le contrat est signé, le discours et l'attitude changent. Entre son agent qui se goinfre devant elle mais qui l'engueule dès qu'elles mange autre chose qu'une pomme ou une feuille de salade, parce que hé ho faut pas déconner, faut rentrer dans les fringues, les directeurs de casting qui traitent les filles comme du bétail sans même leur adresser la parole alors qu'elles ont attendu des heures et les stylistes que ne créent que des vêtements taille 32, on se demande ce qui est le pire. Sans oublier les photographes qui les font poser dehors en sous-vêtements au mois de décembre, les buffets bas de gamme avec plats en sauce qu'on leur prévoit (quand on leur prévoit à manger!) tandis que les autres mangent du bio, les coiffeurs massacreurs de cheveux avec leurs produits toxiques et la compétition acharnée entre les filles.
Ces filles qui à forcent d'être maltraitées, malmenées, affamées, deviennent à leur tour maltraitantes avec les maquilleurs, les habilleuses, les chauffeurs de taxi... Là où on leur fait miroiter une vie de star, elles ne trouvent finalement que du harcèlement moral poussé à son paroxysme et un silence assourdissant autour de l'anorexie.
Comment en est-on arrivé là? Qui déteste à ce point les femmes pour vouloir les faire disparaître en gommant tout ce qui les caractérise jusqu'à les faire ressembler à des cintres? Oui des cintres. Car quelle femme adulte en bonne santé porte du 32? Personne. Pas même ces chères clientes de la haute société qui achètent de la haute couture. Alors pourquoi créer des vêtements que personne ne pourra porter en l'état? Pourquoi demander à ces jeunes filles de maigrir à ce point pour après retoucher les photos et leur rajouter des rondeurs là où il en manque? Parce que sans ça, soyons honnête, elles ont l'air malade sur les photos. Et les filles malades, ça ne fait pas vendre.
Ces filles qui à forcent d'être maltraitées, malmenées, affamées, deviennent à leur tour maltraitantes avec les maquilleurs, les habilleuses, les chauffeurs de taxi... Là où on leur fait miroiter une vie de star, elles ne trouvent finalement que du harcèlement moral poussé à son paroxysme et un silence assourdissant autour de l'anorexie.
Comment en est-on arrivé là? Qui déteste à ce point les femmes pour vouloir les faire disparaître en gommant tout ce qui les caractérise jusqu'à les faire ressembler à des cintres? Oui des cintres. Car quelle femme adulte en bonne santé porte du 32? Personne. Pas même ces chères clientes de la haute société qui achètent de la haute couture. Alors pourquoi créer des vêtements que personne ne pourra porter en l'état? Pourquoi demander à ces jeunes filles de maigrir à ce point pour après retoucher les photos et leur rajouter des rondeurs là où il en manque? Parce que sans ça, soyons honnête, elles ont l'air malade sur les photos. Et les filles malades, ça ne fait pas vendre.
Ce livre fait froid dans le dos. A mettre entre toutes les mains des adolescentes qui rêvent de devenir mannequin. En espérant que cela fasse bouger les choses.
Et messieurs dames les créateurs de mode, arrêtez de vouloir nous faire croire que la mode sublime les femmes. Les femmes n'ont pas besoin de cette mode-là pour être belles.
Et messieurs dames les créateurs de mode, arrêtez de vouloir nous faire croire que la mode sublime les femmes. Les femmes n'ont pas besoin de cette mode-là pour être belles.