mercredi 6 juin 2018

Miserere

Déniché en brocante, Miserere est le deuxième roman de Jean-Christophe Grangé que je lis, après La Forêt des mânes que j'avais beaucoup aimé (et qui m'avait filé sacrément les jetons). Miserere est paru en 2008 chez Albin Michel.


"Ce sont des enfants.
Ils ont la pureté des diamants les plus parfaits.
Aucune ombre.
Aucune inclusion.
Aucune faille.
Mais leur pureté est celle du mal."

*****


Le roman commence par le meurtre d'un chef de chorale dans une église arménienne de Paris. Un commandant de la brigade criminelle à la retraite, Lionel Kasdan, est sur place au moment des faits, c'est donc tout naturellement qu'il se lance dans l'enquête sur cet assassinat au sein de sa communauté. Mais si le crime est pour le moins inhabituel, avec une arme introuvable, la victime est, quant à elle, tout a fait ordinaire et sans histoire. En apparence du moins, car en creusant un peu, de sombres secrets resurgissent.
Kasdan croise alors la route d'un autre policier sur la touche, Cédric Volokine, de la brigade de protection des mineurs, en cure de désintoxication, qui a une théorie bien particulière sur les raisons de ce meurtre et l'identité du coupable.
Ce duo improbable va mener sa propre enquête, en marge de l'enquête officielle, faisant jouer leurs contacts et leur intuition. Et ce qu'ils vont trouver est bien pire que ce qu'ils avaient imaginé. Glauque, sordide, faisant écho à leurs propres souvenirs, à leurs secrets bien enfouis, cette investigation va mener les deux flics fracassés par la vie bien au-delà de Paris et bien au-delà de leurs limites.
Parlons d'abord des personnages. Si les deux policiers collent au credo habituel du flic malheureux qui enquête sans autorisation, c'est chacun dans un registre différent. Kasdan, après un passage dans l'armée et une période trouble, a fait une carrière exemplaire et s’ennuie ferme depuis son départ à la retraite et la mort de sa femme. Tout en muscles, un peu bourrin mais droit dans ses bottes. A l'inverse, Volokine est jeune, séduisant, intelligent, doué mais rongé par la drogue, utilisant son métier pour se procurer sa dose. Deux personnages très différents mais complémentaires et intéressants, leurs deux points de vue sont indispensables pour résoudre cette affaire.
L'intrigue ensuite. Complexe, bien menée malgré quelques longueurs au milieu du roman, nous plonge dans le pire de l'espèce humaine. Et ce pire est là, juste sous notre nez, ravivant les blessures passées de Kasdan et Volokine. La trame politique en arrière-plan est très bien documentée. L'ambiance du Paris froid et sombre de fin décembre est palpable, on sentirait presque la bruine et le froid s'infiltrer dans notre dos.
J'ai apprécié ce roman en dépit de quelques détails un peu trop tirés par les cheveux à mon goût et j'ai beaucoup aimé la "pirouette administrative" de la fin. Difficile d'en dire plus sans en dévoiler trop. Un thriller prenant, un livre qu'on n'a pas envie de poser.
Un film en a été tiré, La marque des anges, sorti en 2013. Je ne le regarderai pas, le casting (Gérard Depardieu et Joey Starr) étant pour moi beaucoup trop éloigné des personnages originaux.